Mouvements de grâce

Lors du dévoilement de la collection prêt-à-porter automne-hiver 2021-2022 sur les réseaux sociaux – selon les règles sanitaires en vigueur –, la chorégraphe Sharon Eyal dialogue à son tour avec La Galerie des Ombres de Silvia Giambrone1 et ses captivants miroirs qui paraissent capables de blesser, frappant le cœur, le corps. La symbiose avec la galerie des Glaces du château de Versailles est née de la volonté de vivre et de se mouvoir dans cet écrin unique, inspirant, interrogé, transcendé par le regard des artistes.

Sharon Eyal raconte : « Mon travail avec Maria Grazia est un processus continu. Il s’agit d’un lien profond, alliant mystère et fragilité, questions et rêves. C’est précisément le mouvement entre ces extrêmes qui m’attire, un mouvement qui se distingue à travers une beauté déclinée en plusieurs strates, plusieurs niveaux, et qui peut donc aussi devenir dérangeante, oblique, non seulement apaisante, mais aussi matière à réflexion(s). Une beauté qui vient de l’intérieur et de l’expérience. »

Les tenues des danseurs sont comme une seconde peau, d’une finesse extrême, que la confrontation avec les miroirs semble venir griffer. Le costume de Sharon Eyal conjugue les déchirures et les griffures à une robe en tulle d’une délicatesse infinie, ornée de fleurs. « Ces fleurs, poursuit Sharon Eyal, sont à la fois superbes et tristes, comme sur le point de s’évanouir, comme si elles saignaient. Elles portent en elles cette idée de beauté bizarre : élégante et poétique, car à la fois fragile et forte. »

Le caractère féerique intéresse la chorégraphe : ce moment historique que nous vivons ressemble à un conte au temps suspendu. A la prise de conscience se mêle la dimension onirique. Cette atmosphère est insufflée d’une sensation d’unicité, rencontre des extrêmes, du futur et du passé, du rêve et de la réalité.

Art Installation by Silvia Giambrone